1. L'enfant sauvage et les chevaliers
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Notre histoire commence avec le printemps.
Perceval est le fils de la veuve d’un seigneur. Il vit dans la forêt de manière très solitaire. Ce matin, la douceur du temps et le chant des oiseaux remplissent le jeune homme de joie. Il laisse paître* son cheval pendant qu’il s’entraîne avec ses javelots. Tout à coup, il entend beaucoup de bruit, des bruits d'armes. Il pense à sa mère qui lui a dit que les diables sont la chose la plus effrayante du monde. Le jeune homme a peur, mais quand il lève les yeux, il ne voit que couleurs et lumières : c'est magnifique. Le jeune gallois n’a jamais vu autant de beauté. Ce sont des chevaliers, mais Perceval ne le sait pas et s’écrie :
— Pardon, mon Dieu ! Ce sont des anges ! Ma mère m'a dit que les anges sont les plus belles choses du monde, à part Dieu, qui est plus beau que tout.
Le jeune homme se jette* à leurs pieds et récite toutes les prières que sa mère lui a apprises.
Un chevalier l’interrompt en le saluant :
— Bonjour, jeune homme, n’aie pas peur.
— Je n'ai pas peur. Êtes-vous Dieu ?
— Non, pas du tout.
— Qui êtes-vous alors ?
— Je suis un chevalier.
— Un chevalier ? Je ne connais pas. Je n'en ai jamais entendu parler. Ce que vous êtes beau ! J'aimerais vous ressembler.
Le chevalier l’interrompt et lui demande alors :
— As-tu vu passer cinq chevaliers et trois demoiselles ?
Mais, le jeune homme veut en savoir plus et continue à lui poser des questions :
— Cher Seigneur, que tenez-vous là ?
— Ah, c'est bien ma chance ! Je te demande un renseignement et c’est toi qui me poses des questions.
Donc, je vais te répondre : ceci est ma lance.
— On la lance comme un javelot ?
_ Mais non. Tu es idiot ! On s’en sert pour frapper. Mais réponds-moi, as-tu vu passer des chevaliers ?
— Et ça ? Qu'est-ce que c’est ? Le jeune homme continue à l’interroger sans lui répondre.
_ Tu te moques de moi ! Ceci s'appelle un écu.
— Un écu ?
— Oui, il me protège des coups.
Le chevalier est étonné de voir un jeune Gallois ignorant tout des usages des chevaliers.
— Seigneur, quel est cet habit ? demande encore Perceval.
— C’est mon haubert, il est en fer, il est très lourd.
— C’est très beau. À quoi sert-il ?
— C'est simple. Si tu lances contre moi un javelot ou si tu tires une flèche, tu ne me feras pas mal.
— Qui vous a donné tout cela ?
— C'est le roi Arthur. Il y a cinq jours, il m’a adoubé. Maintenant, réponds-moi. As-tu vu des chevaliers passer par ici ?
— Vous voyez le bois, là-haut ? Il y a là les laboureurs qui travaillent la terre de ma mère. Si des gens sont passés, ils vous le diront. Je viens avec vous.
En voyant Perceval arriver avec des chevaliers, les laboureurs comprennent que le jeune homme voudra lui aussi en devenir un. Perceval leur demande :
— Avez-vous vu cinq chevaliers et trois demoiselles ?
— Oui, ils sont passés par là, indique l’un d’eux.
Cependant, Perceval veut en savoir toujours plus sur les chevaliers et continue à poser des questions:
— Parlez-moi du roi qui fait les chevaliers, où est-il ?
— Mon garçon, je vais te le dire. Le roi séjourne à Carduel.
C'est la dernière réponse des chevaliers qui s’en vont.
Lecture en français facile : chap 1 Le Gallois p 10 -14, Perceval, Lectures Eli Juniors, FLE A2, 2014
QUESTIONS ET INFOS SUR LE TEXTE
- Lire ce chapitre en ligne à l'édition Chrétien de Troyes, Perceval ou le Conte du Graal, par Anne-Marie Cadot-Colin et Fanny Deschamps,éditions Hatier, 2023 https://www.calameo.com/read/00705211506ba7bdc519d?token=33c57d4db69bfd658d9ccdb829e3a900
- Souligner/noter tous les mots, expressions ou phrases qui se réfèrent à Perceval.
- Faire le portrait du héros à partir de ce que l’on a appris de lui dans ce texte.
THÈMES DE DISCUSSION EN CLASSE ou sur le digipad ci-dessous :
- Comment vous sentez-vous lorsque vous rencontrez de nouvelles personnes ?
- Est-ce que ça vous est déjà arrivé de vous trouver à la place de Perceval? C'était à quelle occasion ? Comment avez-vous réagi?
- Comment les adolescents aujourd'hui se sentent-ils lorsqu'ils sont confrontés à de nouveaux environnements ou à des situations inconnues ?
- Quelles compétences sont nécessaires pour s'adapter et réussir dans de telles circonstances ?
- https://digipad.app/p/659721/9d2c87b44c0ab
POUR ALLER PLUS LOIN
http://www.lumni.fr/video/le-conte-du-graal-de-chretien-de-troyes-17-avril
on peut télécharger une proposition de cours sur Perceval sur le lien https://medias2ftv.akamaized.net/videosread/education/PDF/Francais_5e_Perceval_Chretien_de_Troyes_17%20avril.pdf
En voici la proposition en question :
Le texte suivant est extrait de la traduction de Jean-Pierre Tusseau :
L’Enfant sauvage et les chevaliers
C’était au temps où les arbres fleurissent, où les bois se couvrent de feuilles, quand les prés reverdissent, que les oiseaux en leur langage chantent doucement le matin, quand tout renaît à la joie.
Le fils de la dame veuve de la Forêt déserte se leva. Il n’eut aucune peine à seller son cheval de chasse et prit trois javelots. C’est ainsi qu’il sortit du manoir de sa mère en
ayant l’intention d’aller voir les herseurs qui travaillaient pour elle dans les avoines avec dix bœufs attelés à cinq herses.
A peine avait-il pénétré dans la forêt qu’il eut le coeur en joie à cause de la douceur du temps et des oiseaux qui chantaient à tue-tête. Tout lui semblait agréable. Il ôta au cheval son frein et le laissa paître à sa guise l’herbe fraîche et verdoyante. Lui, qui était adroit, lançait autour de lui les javelots qu’il avait apportés.
A un moment, dans la profondeur du bois, il entendit venir cinq chevaliers revêtus de tout leur équipement. Leurs armes faisaient grand bruit en heurtant les branches des chênes et des charmes. Les lances cognaient contre le bois des écus et le fer des hauberts.
Le jeune homme entendait sans les voir ceux qui venaient à vive allure. Il s’étonnait et se disait : « Par mon âme, c’était bien la vérité quand madame ma mère m’a dit que les diables sont la chose la plus effrayante du monde! »
(…) Mais, quand il les vit distinctement sortir du bois, avec les hauberts étincelants et les heaumes clairs qui brillaient sous le soleil, il trouva tout cela merveilleusement beau et se dit : « Seigneur Dieu, pardon! Ce sont des anges que je vois là. En vérité, j’ai gravement pêché et commis une bien mauvaise action en disant que c’étaient des diables."
Ce texte présente une rencontre éblouissante entre des chevaliers en armure et un enfant sauvage. Cet « enfant sauvage » est également appelé « Le fils de la
dame veuve de la Forêt déserte », puis « Le jeune homme ». Il n’a pas de nom ! Cet enfant sauvage trouvera son nom lors d’une de ses aventures. Il rencontre
une femme en détresse qui pleure la mort de son chevalier :
« —Par Dieu! Comment vous appelez-vous, mon ami ?
Et celui qui ignorait son nom a soudain l’inspiration de répondre qu’il se nomme Perceval le Gallois, sans savoir s’il dit ou non la vérité. »
L’enfant sauvage s’invente une identité, un nom : Perceval. Dans ce roman, il est question du Graal, mais il est surtout question de la formation d’un jeune homme, qui invente sa vie et son nom.